Ayamun cyber-tasàunt n tsekla
n Tmaziàt
cyber-revue de
littérature berbère
Numéro 2 Juillet 2000
Voici
le contenu de ce 2ème numéro:
5)_un embryon de
cyber-librairie
Numéro 2
Juillet 2000 Il s'agit d'un extrait d'une
nouvelle de Amer Mezdad, traduite du Kabyle et publiée par Salem Chaker dans
la NRF (Gallimard, Paris) n de Juin 1996. Prochainement, nous diffuserons la
version originale en langue kabyle (18 pages inédites). Titre: Eux, le Corbeau et Nous (suite) " _
Toi et moi, Tonton Moh je ne sais pas si nous avons une chance de vivre dans
cet Eden Kabyle. " _C’est
indiscutable, toi et moi, nous faisons partie des naifs et des innocents. Moi
qui suis déjà avancé en âge, je n’ai jamais cultivé le mal, c’est un fait certain
que je m’en sortirai. Quant à toi, je t’ai vu bien jeune t’intéresser au
Savoir, tu es assez différent de tous ces connards prétentieux qui nous
compliquent l’existence, si tu persistes dans cette voie et à condition de ne
pas commettre trop d’impairs, je crois sincérement que tu as beaucoup de
chances. J’enfonce
le clou un peu plus en lui disant: " _Donc
si j’ai bien suivi ton raisonnement, Eux prendront notre place et s’enfonceront
comme ça dans les poux et les misères! " _Cela
ne dépend pas d’eux, puisqu’ils y seront bien obligés ! Il n’y a pas d’autre
alternative pour Eux que de recevoir le sac de poux et d’ignorance. " _Donc,
si je te comprends bien, Eux seront pauvres et nous serons riches, autrement
dit, il y aura toujours des pauvres et des damnés sur cette terre. Il y aura
toujours des guerres et des souffrances, comme ça indéfiniment ! Et
me voilà à mon tour plongé dans un raisonnement pour le moins différent. Je
lui rappelle que l’humanité est une, et qu’il n’y aura jamais de paix réelle
tant qu’existeront la misère et l’oppression. Un seul être humain souffre, c’est
toute l’humanité qui souffrira avec lui. Ce jour béni auquel il croit
fermement, comment pouvons-nous nous réjouir de le vivre, puisqu’une grande
partie de l’humanité prendra notre place aux enfers. Ce jour-là, même si
notre situation venait à être plus enviable, comment souhaiter à notre
prochain des malheurs dont nous n’avons que trop souffert. Tant que ces
malheurs feront partie des réalités humaines, la paix, oiseau blessé ne pourra
prendre son envol. Donc, pour Tonton Moh, la malédiction, loin de disparaître
ne fera que prendre peau neuve en changeant de peuple, elle continuera son
inexorable oeuvre d’empoisonnement en changent de continent pour ne jamais
disparaître. Il
me laissa parler, sans m’interrompre, mais à sa façon de remuer sa tête de
pierre chenue, je me rendais bien compte qu’il ne faisait pas cas de mon
discours. Le sourire malicieux en disait long sur ce qu’il pensait de mon
ingénuité. Je le devine dire en son for intérieur: " _
Finalement je l’ai surestimé, mais ma parole, ce type est un vrai taré ! Il
est d’une puérilité sans pareille. Tu as beau parler, tu ne peux rien changer
aux événements. Ce qui est écrit est écrit, et tu n’y peux rien malgré ta
fougue ! " Quand
on parle à une pierre, on a beau s’égosiller la pierre ne répond jamais, c’est
dans la nature des choses. Devant son air désapprobateur, de guerre lasse, je
finis par me taire, d’autant plus que, la fatigue et le désir de sommeil
aidant, ma langue commençait à ne plus obéir aux injonctions du cerveau. Le
silence ne dura pas très longtemps. Cessant le mouvement de pendule qu’il
imposait à sa tête, il me dit: " _
Mais, tu ne sais pas ce que tu racontes, voilà que tu m’accuses de souhaiter à
mon prochain les malheurs dont j’ai trop souffert et patati et patata ! mais,
mon pauvre petit, il ne m’appartient pas de souhaiter quoique ce soit à qui
que ce soit ! Il en sera ainsi puisque cette fois-ci le Corbeau obéira aux
ordres de Dieu Bien-aimé, il ne se trompera pas de nouveau. A nous les beaux
jours, et Eux, malgré leurs armes nucléaires et tout le fourbi, ils se
retrouveront dans la fâcheuse obligation de recevoir le sac plein de poux et
d’ignorance. Ainsi va la vie, ils étaient les maîtres omnipotents, demain ils
descendront de leur piédestal. Que Dieu pardonne ses péchés à Slimane qui
nous a laissé cette phrase qui en dit long sur notre destinée: Le monde n’est
pas immobile mais tel une galette des forces lui imposent ses mouvements de
rotation . Prétendras-tu le contraire ? " Là,
il se mit à me préciser une fois de plus son raisonnement, comme pour mieux
venir à bout de mon incrédulité. Dans son univers mental, Tonton Moh est
resté logique; la cause de nos malheurs est indissociable de l’erreur
originelle commise par le Corbeau : il devait déverser sur nous le sac
contenant la richesse et le savoir, s’étant trompé, volontairement ou
involontairement, Dieu Bien-Aimé l’a puni en en faisant un oiseau noir
maléfique et persécuté. Dans un avenir plus ou moins proche, il lui sera
donné l’occasion de corriger sa faute pour pouvoir récupérer sa blancheur et
redevenir l’oiseau de bon augure qu’il était. Les seuls perdants seront les
peuples d’en face: Eux recevront le sac rempli de poux et d’ignorance. C’est
ce qui est écrit et personne n’y peut rien. Ainsi va la vie, le bonheur des
uns fera le malheur des autres. Tout
en sachant que Tonton Moh restera chevillé à ses certitudes, et qu’aucune
autre logique ne pourra venir à bout de la sienne, je tente un baroud d’honneur,
malgré tout: " _D’après
ce que je vois, il nous faudra attendre longtemps, très longtemps ! je ne
vois vraiment pas comment du jour au lendemain, Eux accepteraient de céder
leur place, pour plonger corps et biens dans notre condition à nous. N’oublie
pas une chose, Eux-mêmes, ils ont connu tous les malheurs et leur prospérité
actuelle n’est pas venue comme çà. C’est trop simple de soutenir qu’elle leur
est tombée du ciel grâce à ton providentiel Corbeau. Bien au contraire, c’est
l’aboutissement d’un long cheminement à travers toutes sortes de souffrances,
leur Histoire est une suite de malheurs. Pour arriver à leur stade actuel, il
leur a fallu s’affranchir d’innombrables dictatures, et non des moindres. Si
tu veux, je peux te les énumérer. " _
Tout çà, ce sont des histoires. Ils vous racontent des sornettes et il y a
toujours des tarés pour les croire. C’est pour mieux vous endormir ! Moi, je
te dis que leur bonheur et notre enfer tirent ensemble à leur fin, car ils
sont intimement liés. Le Corbeau, Dieu l’a d’ailleurs maudit, nous a piégés,
et nous ne nous en sortirons que le jour où il corrigera sa faute. C’est très
simple ! Tout ce qui régit le monde, les Anciens l’ont déjà dit à défaut de l’écrire.
Tout ce que les anciens ont dit finit toujours par arriver. Regarde par
exemple l’instabilité du monde: ces derniers temps il y a des guerres et des
temblements de terre un peu partout ! C’est tout simplement parce que le
globe terrestre repose sur la corne d’un boeuf, d’où son instabilité. A chaque
fois que le boeuf bouge la tête pour une raison ou pour une autre, c’est le
départ d’une calamité.... Il
est bien vrai qu’avec Tonton Moh, on ne peut jamais avoir le dernier mot.
Devant l’impossibilité manifeste de lui tirer la moindre concession, la
fatigue l’emporta, je consentis enfin à tomber dans les bras de Morphée.
Entre veille et sommeil, je l’entendais qui martelait les mêmes mots: c’est
de la faute à ce fumier de Corbeau qui a déjà fauté et il ne finit pas de
payer sa faute et nous, avec lui. Et puis les poux avec lesquels il nous a
arrosés ont des pattes qui vous collent à la peau parce qu’ils sécrètent une
substance gluante. Tout ce que tu viens d’entendre relève du Secret, le
Peuple Invisible céleste et souterrain, les Saints-Toujours-Présents ne
voient pas d’un bon œil quiconque divulgue le Secret. Ils finissent toujours
par faire payer le prix de la trahison. C’est pour toutes ces raisons que je
t’interdis de faire paraître mon nom sur un quelconque papier. Cette fois-ci,
il faudra que le Corbeau obéisse à tout prix. Le monde sur la corne du
bœuf.... 1986 titre
original: d tagerfa i ɣ ţ-ixedmen Retour en haut
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Numéro 2 Juillet 2000 AMAZIGHITE
& CALENDES GRECQUES Il
existe des causes politiques justes et légitimes dont la satisfaction, du fait
de la bêtise humaine, traîne en longueur. Les calculs machiavéliques et les
intérêts étroits les fourvoient dans des chemins tortueux et des marais
politiciens d'où elles ne sortent jamais indemnes. Il
en est ainsi de la cause amazigh. Cette vieille dame de la revendication
politique ne cesse d'être remise aux calendes grecques - je suis tenté
d'écrire aux calendes berbères_ sans vergogne. Parsemé d’embûches, son long
cheminement entamé au 19ème siècle, a subi toute la longueur du 20ème et
risque de déborder sur le 21ème siècle. La revendication pourra figurer dans
le livre des records comme ayant flirté avec 3 siècles sans avoir abouti, à
ce jour. Nous
profitons une fois de plus de l'hospitalité de vos colonnes pour poser une
question très simple, tellement simple, qu'il nous semble que les simplets
qui prétendent à la gestion de la vie publique, donc de la cause amazigh, ne
se la sont jamais posée : Pourquoi la cause amazigh n'a pas encore abouti
malgré ce si long cheminement ? 4
causes possibles nous viennent à l'esprit : _1)_la
cause amazigh serait-elle structurellement faible ? _2)_les
pouvoirs en place seraient-ils absolument contre la cause ? _3)_les
méthodes utilisées seraient-elles désuètes ? _4)_les
animateurs en place seraient-ils incompétents ? Nous
réfutons les 3 premières possibilités par les arguments suivants : _1)_la
cause amazigh, de tout temps étrillée par les plus grandes puissances de la
Méditerranée et du Proche-Orient, a fait preuve d'une pérennité unique. La
langue et la culture amazigh, actuellement très vivaces, renaissent de leurs
cendres, à partir d'une tradition orale de tout temps agressée. Après
plus de 2000 ans de persécutions, l'Amazighité reste contre vents et marées l'un
des piliers de la personnalité maghrébine. Ne saurait être maghrébin,
quelqu'un qui renie son amazighité. L'Amazighité est le trait de personnalité
qui fait qu'on est algérien, tunisien ou marocain etc. _La
Langue Amazigh dans toute sa diversité, et malgré l'hostilité des pouvoirs
centraux, après cette guerre ininterrompue de 2000 ans, arrive encore à
donner au Maghreb et au monde de très belles œuvres, dans des domaines aussi
variés que la musique, la poésie, le roman, le cinéma, la peinture etc. _La
linguistique berbère est actuellement une discipline enseignée de par le
monde, dans toutes les universités dignes de ce nom. _Pendant
de nombreux mois un million d'écoliers et d'étudiants boycottent une école
qui boycotte leur langue. Les parents restent solidaires et assument ce lourd
sacrifice, pourtant conscients du fait que dans ces régions pauvres le moyen
quasi-unique d'échapper à la misère matérielle passe par le chemin de
l'école. Au nom de la raison, depuis plusieurs générations, cette école bien que
dépersonnalisante soit toutefois investie, sublimée, utilisée. 2)_
Depuis quelque temps, les pouvoirs en place n'affichent plus cette attitude
rejetant absolument la langue et la culture amazigh. Au-delà
du "scoop" sans lendemain, réalisé par sa Majesté le Roi du Maroc,
le pouvoir algérien a daigné enfin lever le tabou sur la question amazigh : 2
départements universitaires de Langue et Culture Amazigh ont été ouverts par
le Pouvoir à Tizi-Ouzou et à Bgayet, le MCB était convié à la Conférence sur
le Consensus National de janvier 1994, une commission nationale pour
l'introduction de l'Amazigh à l'école a été mise en place par le Gouvernement
SIFI, avec finalement l’introduction de l’Enseignement de la langue dans
certaines classes. Bien
qu'insuffisantes, bien qu’arrachées de haute lutte, ces concessions sont de
taille pour un pouvoir baignant depuis des décennies dans un baathisme étroit
: c'est un fait indéniable que l’état algérien a fait un effort. Reste la
raison d’état ! En politique intelligente, il faut toujours ménager une
sortie honorable à l'adversaire. Il faut savoir négocier, avancer ou amorcer
des replis tactiques en fonction des contraintes environnementales. Nous
invitons les militants de la cause amazigh à réfléchir à ce proverbe : "_
A l'ennemi fuyant, construisez un pont !" La
sagesse est bien loin du fameux mot d'un dirigeant du MCB rapporté par la
presse il y a déjà quelque temps : "_Que le premier à être fatigué mette
un genou à terre !" En
ce qui concerne les partis politiques, théoriquement appelés un jour à
exercer le pouvoir, ils ont pratiquement tous inscrit positivement la
question amazigh dans leurs programmes. Y compris les plus rétrogrades.
Implantation politique en zone amazighophone oblige ! Toute surenchère de
leur part sur cette question ne pourra qu'être politiquement nuisible au FFS
et au RCD qui risquent de voir fourvoyés dans le carcan dangereux des partis
identitaires. 3)_
Au regard de l'Histoire récente, il apparait que les mouvements qui se sont
imposé la voie pacifique ont toujours abouti dans leurs lutte. La
non-violence est une valeur sûre ! Ce
choix stratégique a le mérite de réduire au strict minimum les déchirements
et la facture sanglante inséparables de l'action politique révolutionnaire. Le
MCB a adopté cette méthode parce qu'il connaît le coût de l'action
révolutionnaire pour l'avoir vécue. De 1954 à 1962, et même au-delà, beaucoup
de ses doyens sont morts, parfois de la main même de leurs frères de combat
libérateur. Exemple l’élimination de Bennaï Ouali, un des piliers de l’OS
puis de l’ALN. Le
pacifisme de la mouvance culturelle amazigh est peut-être le raison
principale de la sympathie qu'il a su susciter dans les régions non
berbérophones de nos pays et au-delà de nos frontières. Le MCB dans
l'imaginaire collectif est (était?) porteur d'espoir démocratique. Pendant
longtemps il a affiché sa différence par rapport aux populismes ambiants. Il
a contribué à poser d'une façon intelligente une question taboue, et a
proposé les voies pour la resoudre de la façon la plus généreuse. La
voie pacifique est le choix des mouvements de revendication sociologiquement
forts. L'action violente est toujours le choix du faible ou de la minorité
révolutionnaire. Toute référence à la violence (verbale ou armée) est le
signe que le MCB est en position de faiblesse. Ainsi
nous réfutons les 3 premières possibilités dont il est question ci-dessus. Il
nous reste donc à argumenter la 4 ème réponse: 4)_
Les animateurs du MCB, en place depuis pour certains d'entre eux depuis plus
de 20 ans, ont toujours assumé leur mission à leurs risques et périls,
individuellement loin de toute structure protectrice, les mains nues. Au fil
de ces longues et dures années, certains d'entre eux ont perdu ce qu'ils
avaient de plus cher: la vie. Après
Octobre 1988, ces anciens clandestins, n'ont pas su évoluer dans notre
turbo-démocratie. Ils se sont comportés comme ces mammifères, habitués à
évoluer dans le noir et que la lumière aveugle. La cohésion des dirigeants du
MCB n'a pas résisté à la lumière de l'action dans la légalité. Happés par les
chapelles politiciennes, ils n'ont pas su géré l'héritage légué par toutes
ces décennies. Ce
qui était la raison même de leur raison d'être _ la défense de la Langue et
la Culture Amazigh_ n'a pas pu faire consensus pour pouvoir les unir. Nous
pouvons épiloguer longuement sur les responsabilités des uns et des autres.
Mais les conséquences sont là, plus néfastes que jamais. La mouvance est
dispersée, atomisée, affaiblie. Malgré
le vernis de l'apparence et une phraséologie à consommation externe, les
animateurs du MCB n'ont pas su acquérir les qualités indispensables aux
hommes politiques modernes. _Ils
n'ont pas su géré les compromis. _Ils
n'ont pas su être de bons négociateurs. _Ils
n'ont pas pu se doter d'une autorité morale consensuelle. _Ils
ont cultivé l'anathème et la confusion. _Ils
n'ont pas fait preuve de pragmatisme en délaissant l'analyse pour les
slogans. _Ils
ont pris des décisions inopportunes. _Ils
ont enveloppé Tamazight dans une espèce de vente concomitante, en
l'accouplant à différentes luttes respectables par ailleurs. _
Ils n'ont pas su fructifier leurs réussites ni gérer leurs échecs. En
un mot, les animateurs de la mouvance culturelle amazigh ont été phagocytés
par le populisme qu'ils étaient censés combattre. Les
nouveaux arrivés, avec cette fougue et cette puissance qui n'animent que les
néophytes, ont été pour beaucoup dans cette involution. Squattant le
mouvement, mettant de l'huile sur le feu, accentuant les divergences avec
pour aboutissement les derniers lynchages médiatiques et les derniers duel
fratricides. Cet
affrontement qui "n'est que le conflit opposant deux hommes qui se
connaissent depuis 20 ans" reflète la dérive d'un mouvement généreux et
moderne vers le statut ingrat de secte. Cette régression est entrain de
s'accomplir sous nos yeux, devant l'Algérie ébahie ! S'il
est vrai qu'un mouvement politique moderne peut parfois fonctionner en toute
collégialité, une secte ne peut s'accommoder de 2 gourous. Avec
effarement, nous apprenons aujourd'hui même que la décision de boycotter
indéfiniment l'école avec toutes ses corollaires (retard scolaire,
délinquances, accidents sur la voie publique pendant les heures normalement
passées en classe, actes antisociaux de toutes sortes etc.), cette décision
lourde de conséquences n'aurait été nullement réfléchie. Elle aurait été
prise par un seul homme ! Aucune concertation ne l'aurait précédé, aucun
pédagogue n'aurait été consulté. Les hommes de culture ont été superbement
ignorés, de même que les parents d'élèves. Il
y a eu trop de pouvoir pour un seul homme. Et la machine s'est mise en route
sans le moindre accroc. Dénués de tous esprit critique, les militants ont
suivi. Soumis à une puissance mal définie, le peuple berbérophone s'est
soumis. C'est
l'exemple type du fonctionnement des sectes. L'intelligence est mise au
rancard, la volonté de tout un chacun entre parenthèse. Vox gourou, vox dei. Ces
dernières années, la clause humaine, déterminante dans toute revendication, a
été défaillante dans la mouvance culturelle berbère. Une équipe qui a failli,
doit avoir le courage de se démettre, sous peine cultiver les dégâts . Pour
conclure, nous nous permettrons un constat et quelques projections dans le
devenir de la cause amazigh, donc dans notre devenir individuel et collectif. 1)_D'une
façon générale, l'Etat Algérien s'est comporté d'une manière veule et
schizophrénique par rapport à la question amazigh. Par sa faute, la
démocratie a reculé. C'est la consécration des bévues qu'il a accumulées
depuis plus de 30 ans, en niant en persécutant une question nationale
légitime, les militants ont été violemment mis en situation d'échec. Qui sème
le vent récolte la tempête ! Mais,
Il est encore temps de prévenir la tornade qui gronde. En jouant le
pourrissement le pouvoir met en danger de désintégration un mouvement civil
d'essence démocratique porteur de cohésion sociale: cette éventuelle
désintégration donnera naissance à une nuée de sectes les unes plus radicales
que les autres, aux capacités de nuisance impossibles à cerner. La
revendication amazigh se verrait peut-être affligée de quelques années de
lutte supplémentaires, mais le grand perdant de cette désintégration serait
l'Etat algérien dont l'Histoire retiendrait une de ses faillites les plus
majeures. _
Le mouvement culturel amazigh, si tant est qu'il existe, doit se resaisir.
Aux hommes de bonne volonté , nous soumettons à la réflexion cette phrase de
Xalil Gibran, cet extraordinaire visionnaire unique en son genre dans le
monde arabo-musulman qui nous entoure: "_
Malheur à la nation dont les hommes raisonnables sont muets, les forts
aveugles ..." Ces
hommes de volonté existent. Et ils sont plus nombreux qu'on ne le pense. Ils
doivent faire preuve de pragmatisme, et d'ores et déjà saisir le taureau par
les cornes pour former dare-dare les centaines d'enseignants qui introduiront
Tamazight dans les lycées dès la prochaine rentrée scolaire . ils
doivent préparer une conférence sur la situation de la Langue et de la
Culture amazigh. Cette conférence doit se dérouler au plus tard à la fin de
ce semestre, loin de toute chapelle politique, en n'excluant aucune
personnalité ayant apporté ou pouvant apporter quelque chose dans le domaine
amazigh. Un comité des sages du MCB sera dégagé à l'issue de cette
conférence. Ce
comité des sages sera l'autorité morale du MCB: _Il
mettra une dose de sagesse dans toute cette agitation ambiante. _Il
rappellera à l'ordre tout dépassement. _Il
veillera à ce que la cause amazigh soit soustraite aux manipulations
politiciennes. _Il
mettra tout en œuvre pour neutraliser pacifiquement les tendances sectaires. _Il
garantira au MCB sa véritable identité. Le MCB n'est ni un parti politique,
ni une association, ni une société savante, ni un mouvement insurrectionnel,
ni une secte. Ce sera un groupe d'intérêt au service de la langue et de la
culture amazigh. Les
hommes raisonnables pourront ainsi parler, les forts ne seront plus aveugles
! Et les bavards devront se taire ! Enfin ! Depuis
que ces lignes ont été écrites, en avril 1995, les données restent d’actualité
même si beaucoup d’événements se sont succédé. La
mort de Matoub a été une catastrophe dans la lutte des berbéro- phones. Son
assassinat en présence de 3 femmes a été un traumatisme sans pareil au pays
de Laânaya ! La TV nationale nous a fourni des images des 7 personnes armées
et fanatisées qui ont mis sciemment à mort un artiste en compagnie de 3
femmes ! Au pays de Laânaya par définition, la Kabylie, une pareille chose ne
s’est jamais vue de mémoire d’homme ou d’historien. Sous ces latitudes, jusqu’à
l’avènement de ces monstres hélas bien de chez nous, un homme, jamais au
grand jamais ne n’est fait assassiner devant des femmes. Ce crime immonde est
la négation même des fondements de toute la société kabyle. Cet acte
sacrilège resté à ce jour impuni est vécu par la jeunesse qui s’identifie au
barde et à l’immense poète, comme une suprême injustice. D’où la
sacralisation du symbole MATOUB, et par-là même de son œuvre. Cette œuvre,
qui comporte de grandes chansons, reste toutefois une œuvre orale, celle que
les militants de la cause voulaient dépasser en s’inscrivant résolument dans
le travail écrit. Cette
émergence de la chanson matoubienne a relégué en arrière l’autre grand nom de
la berbérité, Mouloud Mammeri. En effet, nous assistons ces derniers temps à
un recul de la côte de référence à ce Gand nom, avec un retentissement
négatif sur ses travaux qui faisaient consensus jusqu’ici. Son
œuvre, depuis longtemps également sacralisée par toutes les tendances du MCB,
est entrain d’être grignotée par de nouveaux savants, qui, au nom d’une
défunte unicité de la langue berbère qu’il faudrait réanimer, sont entrain de
bouleverser négativement la méthode et la vision du vieux maître, en créant
une "novlangue" que certains enseigneront peut-être, mais que
personne ne pratiquera, à coup sûr. Linguistes, enseignants, écrivains, de
grâce, ne jouez pas à ce jeu : essayer "d’améliorer" cette œuvre risque
de se révéler désastreux. En touchant à une œuvre "sacralisée", c’est
la porte ouverte aux démons et aux apprentis sorciers. Construisons dessus,
ce sont de bonnes fondations ! N’oublions pas la phrase : nteddu akken nufa
maççi akken nebgha ! Le
Président de la République a dit un jour : " séduisez,
séduisez " puis, " Tamazight,
jamais ! ! ! " répondons-lui fraternellement et
citoyennement : "nous séduisons, nous séduisons, jamais n’est pas
.... Algérien ! " Salem
IGHILFALOU paru in LE MATIN 08/04/1995 paru in LA TRIBUNE du 18/03/1995 reparu avec après rajout du dernier
paragraphe dans El Watan du 18/04/2000 Retour en haut
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Numéro
2 Juillet 2000
ISEFRA N TEFSUT (extraits de la revue TAFSUT et du journal ASALU) TAƔLAƔAL Ay-atma d yessetma Lli s
d-nmun Taɣlaɣal
n tasutin zrinin Aɣ-ed-iɣran Ad_neḍfer
tabrat llif Mmuten
inemɣuren zrinin Aɣaras-lli
din ijjawan Ddlen-aɣ-t Ra t-nesfeḍ nḍi-t a-t-iẓer kuyan Nnan aɣaras
iɣezzif Nenna-yasen
: Ula aga
iẓday neẓdar-asen S yan
wawal a-s ra nal tit Ttun-t
ay ayyur Afus-ufus
hat tafukt m-iẓenzaren Tella-d fell-aneɣ Afus ɣ-ufus aɣaras neqqar Yaggug tifawt nga-t ɣ-ifassen. Brahim
AXIYAT Ayt-Swab
(AGADIR)
, Tafsut URTI N LLUZ A(y)-urti n lluz yellan ɣef tiṭ A Rebbi
a-k ur yezwi ujuwwu Nga
ahwawi bu-tlaɛrasin Amar
yufan a gi-k yekkes amud. Giɣ aɣrib
nsug n-fellen dar-neɣ Aḥḥint a
yemmi nsiyyeḥ ukan ! Kkiɣ
timizar ula idewran Giɣ aɣrib
nsug n-fellen dar-neɣ. Ḥmed ḤJAJI,
Ayt-Baḥa ILIL A TIṬ-INU Ilil a tiṭ-inu
f wussan itwellan F-ifergan n
zzher-inu d yergazen itruḥan F yasin
lehl-inu, d Dda lmulud ag-geḥlan Ma-ɣef mmuten d laɛmer-inu Ur wwiḍen ɣer
waman Ilil a tiṭ-inu
f wussan itwellan F-tnewwart
n tmurt-inu ag-gercin(?) si lbaɛdan F-tmettant
n wul-inu yerna s wubbi iẓuran Yerna s
yid-es i yiɣef inu ag-genzin i yudan Ilil a
tiṭ-inu f wussan itwellan Ḥjaj
MADANI, Awres,
Aɣmis Asalu Retour en haut
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Numéro 2 Juillet 2000 Pour
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Aït-Ighil, recueil de nouvelles, 110 pages tagrest urɣu de Amer
Mezdad, roman, 185 pages Ces
2 ouvrages sont disponibles librairie. Malheureusement, depuis que cette
revue existe aucune commande n'a été enregistrée. Egalement
parus cette année et disponibles en librairie ces 2 romans : Yugar ucerrig tafaweât de Ḥmed Nekkar Tasga n ṭtlam
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